Souvenirs de l'école

Souvenirs à propos de l'école démolie en 1954 - Extraits d'un article signé Roland des Charrières et remis à Charly Darbellay

« Vous décrire notre vieille école, c’est vous emmener dans une oasis paisible, accueillante et sans histoire. Une petite salle boisée, modeste, mais la plus belle du monde. Une décoration simple mais utile, un joli tableau noir devant lequel on a eu transpiré dans le bon sens du terme. Une carte du monde nous émerveillant parfois avec ses vastes horizons que nous n’enviions de toute façon pas. On était bien chez nous, sous ce toit, rivés ensemble. Des pupitres un peu malmenés par le temps, mais c’était les nôtres et pour rien au monde on les aurait échangés. »


A propos de l’équipement des élèves :
 
 « Nous nous ressemblions tous comme des gouttes d’eau. Des socques avec de grosses semelles en bois, des tabliers aux couleurs bigarrées, parfois bizarres. Que dire de nos sacs en toile bleue avec deux palettes en bois et une ficelle pour mettre sur l’épaule. C’est ce qui s’appelle une égalité qui n’engendre aucune jalousie. Tout était parfait ainsi et nous étions heureux et fiers de notre sort. Nous savions que ce morceau de toile avait été préparé avec amour et on aurait refusé un échange contre quelque chose de luxueux. »

Une journée à l’école :  
« Voulez-vous nous accompagner une journée de classe ? Vous ne le regretterez pas. Dociles, en silence, tout commence par une petite prière en commun, les yeux rivés vers le crucifix. En général, le premier quart d’heure est consacré, pour tous ensemble, à un cours de morale de vie et de religion. Nous avons entendu à moultes reprises les fondements de l’obéissance, l’infaillibilité du pape, etc. Tout cela était bien ancré dans notre esprit et aucune envie de contestation ne nous aurait effleurés. Quelle différence avec nos jours où à tout âge, tout est remis en question ! Le reste de la journée n’était pas une sinécure pour le maître. Il fallait s’occuper, à tour de rôle, de cinq divisions différentes, expliquer aux uns, distribuer le travail aux autres. Mais cela se passait le plus agréablement du monde, sans accroc majeur. Que dire des petites récréations dans les ruelles étroites !! Il y avait vraiment de la vie, des cris joyeux sans retenue. Ce temps béni était un peu court, mais nous nous rattrapions après la classe, pas de problème.


Les fleurs du souvenir:  
« Heureusement, à côté de ma maison de vacances, il reste les soubassements de ce bâtiment encore si proche et déjà si lointain. Sur les bords de ces murs restants, il m’arrive souvent la lubie de planter des fleurs voire un petit lilas. Pourtant ce n’est pas ma propriété, c’est sur le sol communal et il y aurait assez de place en dessous. Est-ce par nostalgie du temps qui s’enfuit ? Je fais cela machinalement. Je ne me suis jamais posé la question. Mais il y aura bien quand même une petite voix secrète qui veut défier le passé et empêcher les beaux souvenirs de mourir…. »
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